Les amphores

Les amphores

Étymologiquement, le mot grec amphora signifie « vase à 2 anses ». L'amphore apparaît au Proche-Orient dès le IVème millénaire av. J.-C.
Elle va vite être utilisée par les Phéniciens vers 1 500 av. J.-C. puis par les Grecs. Faisant partie de la famille des vases de conservation et de transport, l'amphore est un élément incontournable de l'économie antique autour du bassin méditerranéen.
Elle sert à transporter à bord des navires et à conserver des aliments – essentiellement liquides : vin, huile d'olive et garum (le condiment principal du monde romain, composé de viande ou de viscères de poisson fermentés).
Sa forme singulière avec son pied pointu permet un rangement efficace et optimisé dans les cales des navires grecs et romains : on plantait la première rangée dans un lit de paille, de sable ou de branches, qui servait de support aux autres rangées qui se glissaient alors en quinconce par-dessus. Mais certains archéologues estiment que ce pied est en réalité une poignée permettant une 3ème prise pour verser son contenu.

Typologie
L’amphore est un formidable outil de connaissance pour les archéologues. En effet à chaque forme d’amphore correspond une datation, un contenu et une région d’origine. C'est un épigraphe et archéologue allemand – Heinrich Dressel – qui a inventé la classification qui aujourd'hui encore, porte son nom et qui répertorie 45 formes.

Etanchéité et fermeture
Le potier badigeonnait les parois internes de l'amphore avec de la poix, un enduit imperméabilisant issu de résines végétales ou de goudrons. On le faisait principalement pour les amphores à vin, l'huile rendant naturellement les parois du vase étanches. Cette présence de poix explique l'existence du resina, ce vin au goût de résine que l'on peut encore aujourd'hui déguster en Grèce.
Pour fermer les amphores, on plaçait au niveau du col un bouchon en liège, par-dessus lequel on mettait un second bouchon en argile ou en pouzzolane.
Pour ouvrir une amphore pleine, il fallait donc casser le col de l'amphore (à moins que l'on ait placé un bouchon amovible, comme celui avec la cordelette que l'on peut voir dans la vitrine). L'amphore – une fois vide – devait donc être jetée à la sortie du village ou de la ville, dans un dépotoir où reposaient des milliers de fragments de céramiques (appelés également ostraca). Ainsi le Mont Testaccio à Rome est un gigantesque dépotoir de 40 millions de fragments d'amphores à huile, encore visible aujourd'hui.
Cet usage unique de l'amphore explique pourquoi ce type de vase était aussi répandu dans l'Antiquité ainsi que dans les navires marchands. Cependant, l'invention du tonneau par les Gaulois, qui va progressivement remplacer l'amphore sous l'Empire romain, pose de grandes difficultés pour les archéologues : en bois, le tonneau se conserve bien moins facilement sous l'eau.

Inscriptions épigraphiques
Les amphores peuvent porter sur certaines parties (col, anses, panse) des marques peintes, des estampilles gravées ou impressionnées comme des timbres en relief ou en creux, obtenue sur la pâte encore crue.
Ces inscriptions et marques indiquent les origines, identifient le contenu, précisent la capacité, la provenance, les dates et les quantités, le nom des propriétaires ou des officines.
Certaines amphores portaient encore des tessera plumbea correspondant à des sceaux en plomb fixés aux anses. Le mortier de chaux recouvrant le bouchon de liège portait des marques de cachets ovales ou carrés, dont certains portent des inscriptions ou des signes.
Dans une des vitrines du musée, vous pourrez distinguer deux tampons en bronze. Ces sceaux matrices portent le nom de marchands romains et devaient produire des timbres marquant des denrées périssables, comme des miches de pain.